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LA RÉÉLECTION DE DONALD TRUMP : UN RENOUVEAU DES RELATIONS INTERNATIONALES ENTRE WASHINGTON D.C. ET LE GROUPE DE VISEGRAD ?

  • Photo du rédacteur: Observatoire Géopolitique
    Observatoire Géopolitique
  • 18 févr.
  • 5 min de lecture

Dernière mise à jour : il y a 3 jours

Le 5 novembre 2024 se sont tenues les élections présidentielles américaines, avec pour favoris la candidate démocrate et vice-présidente sortante Kamala Harris, ainsi que le candidat républicain et 45e Président des États-Unis Donald Trump. Suite la réélection de ce dernier, des débats s'engagent au sein de l’Union Européenne entre les dirigeants quant aux mesures à prendre face au potentiel “éloignement” des Etats-Unis. La réélection de Donald Trump, candidat soutenant une politique isolationniste et une mise en place de taxes douanières sur les importations européennes, pourrait modifier les rapports politiques, économiques, sociaux et militaires entre l’Europe et les États-Unis.

 

Au sein même de l’Union Européenne, les pays du groupe de Visegrad ont toujours eu des relations particulières avec les Républicains, ce qui peut contribuer à renforcer les liens entre le bloc centre-européen et la Maison Blanche. En visant cette partie du continent européen, Donald Trump s’adresse à des dirigeants comme le Premier ministre hongrois Viktor Orbán ou le Premier ministre slovaque Robert Fico, qui tous deux témoignent d'une certaine proximité politique sur une de nombreuses thématiques.

 

Malgré cela, les dirigeants du groupe de Visegrad ne partagent pas une vision homogène de cette réélection, ce qui amène à questionner le futur des relations internationales entre les différents acteurs concernés.

 

Relations Trump / Visegrad


Depuis 2019, la relation entre le groupe de Visegrad et Donald trump a toujours été forte, et ce, même avec les différends entre les Etats-Unis et l’Union Européenne.

 

La Pologne, dirigée par le parti conservateur Droit et Justice (PiS), a toujours été proche du parti Républicain américain, notamment sur leurs positions vis-à-vis de la Russie et de l’immigration clandestine. “Vous y êtes parvenus !”, a déclaré Andrzej Duda, président de la Pologne, suite à la réélection de Donald Trump. Andrzej Duda et Donald Trump se sont même rencontrés en janvier 2024 à New York, quand Donald Trump n'était encore que candidat à la Maison Blanche. Le président polonais a déclaré sur cette rencontre que “C'était une réunion amicale, dans une atmosphère très agréable”. De ce fait, un certain enthousiasme est ressenti de la part du président polonais face au nouveau président américain, bien que PiS ne maîtrise pas complètement l'ensemble du pouvoir polonais. Selon Politico, le Premier ministre polonais Donald Tusk parle de la réélection de Donald Trump comme étant “un défi sérieux pour tout le monde”, en affirmant qu’il a consulté les chefs de l’exécutif britannique et français pour discuter des conséquences “du retrait potentiel des États-Unis d’une politique active face a l’Ukraine” pour l’Europe.

 

La position du président polonais se rapproche de la lignée de la Hongrie. En effet, le Premier ministre hongrois Viktor Orbán a toujours affiché un soutien clair à Donald Trump, notamment sur la question de l’immigration et sur l’opposition face au "mondialisme". Une récente visite de sa part a Mar-a-Lago, résidence de Donald Trump, ayant pour but de discuter de la situation en Ukraine, témoigne des liens étroits entre le Premier ministre hongrois et Donald Trump. La relation privilégiée de Donald Trump avec la Hongrie se manifeste également par la tenue annuelle de la Conférence de l’Action Politique Conservatrice (Conservative Political Action Conference, CPAC) depuis 2022 à Budapest. En 2024, celle-ci a attiré 500 visiteurs dont 80 intervenants, dont le Premier ministre hongrois et chef du parti conservateur Fidesz Viktor Orbán, ou le Premier ministre de Géorgie et secrétaire politique du parti pro-russe Rêve géorgien Irakli Kobakhidze. Quant à lui, Donald Trump a fait une entrée vidéo, tout comme Vivek Ramaswamy, proche collaborateur de Donald Trump et annoncé co-directeur du nouveau Département de l’Efficacité gouvernementale américain.

 

En ce qui concerne la République tchèque, la lignée gouvernementale reste relativement neutre dans sa réaction face à la réélection de Donald Trump. Le président tchèque et l’ancien Président du comité militaire de l’OTAN Petr Pavel reste dans la lignée de coopération militaire. D'après un communiqué de presse de la Présidence tchèque, Petr Pavel affirme que “La République tchèque et les États-Unis ont historiquement lié des relations amicales, qui ont été soutenues par des alliances de l'OTAN pendant un quart de siècle”. Le premier ministre tchèque et chef du Parti démocratique civique (ODS) Petr Fiala adopte une posture mesurée en félicitant Donald Trump sur X, en ajoutant que “Notre objectif commun est de faire en sorte que les relations entre nos pays restent au plus haut niveau, malgré les changements d'administration, et que nous continuions à les développer au profit de nos citoyens”.


Cependant, du côté de l’opposition parlementaire tchèque, le chef du mouvement ANO et co-fondateur du groupe Patriote au Parlement européen Andrej Babiš parle d’un “comeback sensationnel” et continue en disant “Je suis convaincu que sa victoire apportera la prospérité aux États-Unis et la paix au monde” dans un communiqué sur X.

 

Relations Slovaquie / Trump


Aller à la suite de la réélection de Donald Trump à la Maison Blanche, le président slovaque Peter Pellegrini le félicite en accentuant les relations bilatérales préexistantes entre Washington D.C. et Bratislava. Selon l’Agence de Presse de la République Slovaque (TASR), le président slovaque affirme que “Nos pays unissent les valeurs communes de liberté et de démocratie. Je confirme que la Slovaquie reste un allié fiable et responsable de l'OTAN, je crois en la poursuite de notre coopération et je crois que les relations entre les États-Unis et la Slovaquie, ainsi que l'ensemble de l'Europe, continueront de se développer dans une direction positive”. Élu en avril sur une rhétorique anti-belliqueuse, Peter Pellegrini met de fait l'accent sur la volonté commune des deux présidents de construire une paix durable, en s'alignant sur les prises de position de Donald Trump. 


Les relations entre les deux gouvernements semblent se tisser de manière similaire à la Hongrie. Sur son compte Facebook, le président Slovaque met même en avant ses similitudes avec le président américain réélu en disant “Let’s make the transatlantic bond great again” (traduisible en français comme “Redonnons au lien transatlantique ses lettres de noblesse” et une référence claire au slogan de la campagne de Donald Trump “Make America Great Again”).


Une volonté de s’inscrire dans les idées de Donald Trump façonne désormais les relations internationales de la Slovaquie. Cependant, le président Slovaque Peter Pellegrini affirme également que Donald Trump est un “partenaire de discussion difficile qu'il faut savoir impressionner”.

 

En ce qui concerne le chef de l’exécutif slovaque, un appel téléphonique entre le premier ministre slovaque Robert Fico et Donald Trump a déjà révélé plusieurs critères de proximité entre les deux hommes politiques : parmi ceux-ci, leurs tentatives d’assassinats respectives ou encore leur défiance vis-a-vis des médias. Ce rapprochement entre Bratislava et l’administration républicaine est un renouveau dans la vision de la politique étrangère slovaque, avec des échanges qualifiés d'“ouverts” par Robert Fico, notamment sur le sujet du conflit en Ukraine. En effet, les politiques menées par l’Europe vis-à-vis de l’Ukraine divisent de plus en plus l’Union Européenne, et notamment les chefs de l’exécutif slovaque et hongrois qui prônent une approche plus modérée face aux sanctions concernant la Russie. Cette prise de position face au président russe Vladimir Poutine au sein du Conseil européen rapproche également les deux dirigeants; Donald Trump garde lui aussi une position floue quant à la politique à adopter à l'égard de l’Ukraine.

 

Dans une interview télévisée, Lubomír Zaorálek, ancien Ministre des Affaires Étrangères de la République tchèque et admirateur des politiques de Robert Fico, a fait une annonce surprise en affirmant que la Slovaquie serait en train de préparer une visite de Donald Trump en Slovaquie en février.


De nouveau, une volonté de se lier diplomatiquement aux Etats-Unis du nouveau président américain se manifeste. Interrogé sur la source de cette affirmation, Zaorálek répond que “Je dis cela avec le risque que ce ne soit pas encore officiel, mais je sais avec certitude“, ses informations proviennent directement du Bureau du Gouvernement de la République slovaque. Celui-ci n’a ni confirmé ni réfuté le propos tenu par Zaorálek dans un communiqué de presse. La visite potentielle du président élu des États-Unis reste ainsi ambiguë, bien qu’une visite de Donald Trump en février serait “une grande prouesse” selon Cyril Svoboda, également ancien chef de la diplomatie tchèque, et serait un signe de reconnaissance du rôle de la Slovaquie dans la diplomatie internationale, qualifiée par certains dirigeants comme étant sous influence du président russe Vladimir Poutine - parmi ces voix critiques, le président ukrainien Volodymyr Zelenskyy.


La réélection de Donald Trump à la présidence américaine, bien qu’une menace pour l’Union européenne en tant qu’ensemble homogène, se présente comme une possible opportunité pour les pays du Groupe de Visegrad. Avec des populations davantage conservatrices et des politiques menées similaires à celles prônées par le parti Républicain aux États-Unis en matière d’immigration, de scepticisme envers le changement climatique et de politique de sécurité, la réélection de Donald Trump peut parvenir à créer des liens plus étroits entre l’Europe Centrale et Washington D.C. Bien que ce rapprochement crée des divisions et des tensions au sein de l’Union européenne, ces États pourraient bénéficier d’une relation plus étroite avec les États-Unis. Ceux-ci peuvent également profiter de ce rapprochement d’un plan économique et géostratégique, notamment grâce à la proximité géographique de ces États à la Russie et aux flux eurasiatiques développés par Pékin au sein des Nouvelles routes de la Soie. Sur le plan militaire, les soldats américains s'engagent déjà au sein de la Présence avancée renforcée de l’OTAN en Pologne, en Slovaquie et en Hongrie, les trois étant des pays frontaliers de l’Ukraine.

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