LA SLOVAQUIE DECOLLE : DE NOUVEAUX HORIZONS DANS LE SECTEUR SPATIAL
- Observatoire Scientifique

- 18 févr.
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Dernière mise à jour : 18 févr.
En 2022, la présidente de la République slovaque de l'époque, Zuzana Čaputová a ratifié le traité, auparavant approuvé par le Parlement, sur le changement du statut de la Slovaquie dans l'Agence spatiale européenne (ESA). La Slovaquie coopère avec l'ESA depuis 2010.
Désormais, elle devient membre associé* pour une durée de sept ans, sachant que les 3 autres pays du Visegrád ont déjà acquis le statut d'État membre (la République tchèque en 2011, la Pologne en 2012 et la Hongrie en 2015).
Une coopération clé
L'ESA est une agence spatiale internationale fondée en 1975. Elle coordonne les ressources financières et intellectuelles des 22 pays membres et d'autres pays coopérants et associés. Elle peut ainsi “entreprendre des programmes et des activités qui vont largement au-delà de ce que pourrait réaliser chacun de ces pays à titre individuel“. L'obtention du statut de membre associé remplace l'accord sur les États coopérants européens (ECS) de la Slovaquie. La coopération renforcée avec l'ESA est ainsi une véritable victoire pour le secteur spatial slovaque.
Une association bénéfique pour la Slovaquie
Grâce à cet accord, la Slovaquie reçoit un accès privilégié à tous les projets spatiaux européens tels que la création de satellites et les missions de recherche. Il permet une coopération directe avec ses États membres, ce que la précédente coopération de la Slovaquie avec l'ESA ne permettait pas. Dans les années qui suivent, un plus grand nombre d’opportunités attend les sociétés, start-up et chercheurs slovaques. Ils pourront participer plus facilement aux appels d’offres et aux multiples missions. D’autre part, une coopération dynamique viendra stimuler l’économie locale, en ouvrant de nouveaux horizons à l'échelle nationale.
Une histoire riche mais méconnue
L'obtention du statut de membre associé s'inscrit dans un effort continu de la Slovaquie à développer le domaine de l'astronomie. La Slovaquie possède une histoire riche avec des personnalités comme Maximilián Rudolf Hell, connu pour ses observations du passage de Vénus devant le disque solaire. Ses résultats ont été d'une grande importance pour l'astronomie, et jusqu'à présent, l'un des cratères de la Lune porte son nom sur les cartes. Milan Rastislav Štefánik, ayant reçu des prix de l'Académie française des sciences pour ses recherches lors des éclipse solaire, est considéré aussi comme l’un des plus grands observateurs de son temps.
Plus tard, Vladimír Remek a été le premier non-soviétique et non-américain à voyager dans l'espace. Enfin, Ivan Bella a été membre de l'équipage russo-franco-slovaque d'une expédition vers la station spatiale Mir, lancée en 1999.
Des investissements pour satisfaire une ambition…
Des efforts plus récents montrent que la Slovaquie souhaite élargir son secteur spatial. En 2022, la Slovaquie a signé la Charte de l'Observatoire spatial pour le climat (OCS). Une fois de plus, de nouvelles possibilités de partenariats s'ouvrent aux entités slovaques. Cette fois-ci pour “créer de nouvelles solutions efficaces pour la surveillance, l'atténuation et l'adaptation du climat” comme l'explique Michal Brichta, directeur de la branche industrielle du Bureau spatial slovaque SARIO, lors de son interview avec l'OCS.
En 2024, le ministère de l'éducation, de la recherche, du développement et de la jeunesse a annoncé un investissement de 10 millions d'euros dans le secteur spatial, répondant ainsi à la demande du programme Slovensko SPACE. Le projet s'inscrit plus largement dans le programme Slovensko, soit près de 13 milliards d'euros de nouveaux fonds européens. Pendant cette même année, la Slovaquie rejoint les accords Artemis avec la signature du ministre de l'éducation, Tomáš Drucker. En signant ces accords rédigés par la NASA et le département d'État des États-Unis, la Slovaquie s'engage en faveur d'une coopération pacifique et responsable dans les affaires spatiales. Entre autres, la plateforme Artemis servira à assurer l'exploration et la colonisation de la Lune ou de Mars.
…qui s'avère aussi économique et géopolitique
Le secteur spatial autrefois réservé à la recherche scientifique, est désormais un moteur de développement économique. En participant aux projets de l’ESA ou du programme Artemis, la Slovaquie cherche à renforcer son économie en créant des emplois qualifiés, en soutenant ses entreprises technologiques et en attirant des investissements internationaux. Toutefois, l’intérêt pour l’espace ne se limite pas à des enjeux économiques : ces initiatives ont également une dimension stratégique.
Les technologies spatiales, comme les satellites et les systèmes d’observation de la Terre, jouent un rôle essentiel dans la défense et la sécurité. Depuis l'adoption de la politique spatiale de l'OTAN en 2019 et à la lumière des récents événements géopolitiques, il semble que les avancées dans le domaine de l'espace serviront aussi un but militaire. À ce sujet ont été organisées plusieurs tables rondes entre la Société slovaque de politique étrangère et Friedrich-Ebert Stiftung, pour discuter ensemble du potentiel de la Slovaquie. Des experts ont produit une liste de recommandations à ce propos.
La coopération plus étroite de la Slovaquie avec l'ESA ainsi que d'autres initiatives montre que, malgré son retard par rapport aux pays voisins, la Slovaquie connaît un véritable dynamisme spatial, reste à voir quels seront les résultats et quelle l'efficacité se montrera dans l'utilisation des fonds.
* : Le statut de membre associé est un statut spécial accordé en vertu des articles XIV.1 et XIV.3 de la Convention de l'ESA. L'objectif initial était de faire connaître à l'État non membre les programmes et activités de l'ESA à un stade précoce en vue de renforcer progressivement les relations bilatérales. (d'après le site de l'ESA)



